Trop de questions en suspens.
Trop d'interrogations auxquelles je ne trouve pas de réponse.
Maël me manque trop. Nous vivons tous les trois, Maël est avec nous à tous les instants de nos journées. On ne vit plus de la même façon depuis qu'il nous a quitté. Tant de choses nous paraît dérisoire. Nous prenons la vie comme elle vient. Je me suis rendu compte que des petites choses qui m'agaçaient auparavant, me semblent si insignifiante maintenant.
Par exemple, hier, je voulais faire un gâteau. Je donne à l'oral la liste des ingrédients à mon mari puis nous partons à pied en course. En revenant, je me rends compte que nous avons oublié les oeufs. Il était midi, donc le supermarché était fermé. Auparavant, j'aurai râlé, rouspété, etc. Hier, nous en avons ri. Que faire d'autre?
Samedi, à 11h, nous avons décidé de nous rendre à Orléans faire les magasins ... comme ça. Nous sommes à 1h15 de cette ville par autoroute. Nous sommes partis à midi puis revenus dans la soirée.
Vivre en profitant des instants offerts par la vie.
Vendredi, nous avons revu la gynécologue. Nous avions rendez-vous à 16 heures. Ma gynéco avait un peu de retard, du coup, j'ai fait une très jolie crise d'angoisse la salle d'attente. Zhom a réussi à me calmer car en plus je voulais partir.
La gynéco m'a demandé comment j'allais, et j'ai fondu en larmes. Elle nous a demandé si je voulais changé de gynécologue car elle comprendrait. Nous lui avons dit que nous préférions qu'elle continue de me suivre car elle me connaissait.
Ensuite, elle nous a indiqué qu'elle avait repris ton mon dossier avec le Docteur C., elle a du voir mon étonnement car c'est le chef des gynécologues de la maternité. Elle nous a dit qu'elle préférait avoir également l'avis d'un confrère et voir si elle serait passé à côté de quelque chose pendant ma grossesse.
Bilan:
- au cours de ma grossesse: aucun signe
- Maël était un bébé parfait , ni le cordon, ni le placenta (j'avais eu 3 hématomes en début de grossesse) ne sont en cause.
En ce qui me concerne:
- après mes dernières prises de sang, je n'avais attrapé aucune bactérie, rien (ni le CMV, ni la toxo ...)
- je dois faire un long bilan sanguin dans un mois pour vérifier ma coagulation du sang et si je ne fabrique pas des anticorps.
- tout s'est remis en place correctement et j'ai retrouvé mon poids d'avant grossesse.
- elle m'a félicité pour la psychologue et le fait de ne pas prendre d'antidépresseur, même si c'est plus dure.
Le futur:
Nous pouvons recommencer quand nous le souhaitons. Elle et le docteur C. nous conseillent de ne pas (trop) attendre. Nous lui avons dit que nous préférons attendre les résultats de la prise de sang. Tous deux n'ont jamais vu deux fois la même expérience se reproduire car c'est notre hantise. Nous en sommes venus au suivi de cette prochaine grossesse (qui nous inquiète aussi). Ce sera une grossesse médicalisée et c'est ça qui m'inquiète.
-dans tous les cas, je serai sous aspirine pour favoriser la coagulation du sang et plus si nécessaire
-jusqu'au 3e mois, suivi d'une grossesse normale
-au 4e mois: amiocinthèse avec hospitalisation de 2 jours
-au 5e mois (2e écho): arrêt de travail et
* doppler avec enregistrement toutes les semaines: 1 fois à domicile avec sage-femme + 1 fois à l'hôpital dans le service du docteur C.
* échographie toutes les 2 semaines
* prise de sang toutes les 2 semaines
- lorsque j'arriverai à 36 SG (date de l'accouchement de Maël), je serai hospitalisée, puis déclenchement au début du 9e mois
- pendant toute la grossesse suivie par les sages-femmes de l'hôpital + la psychologue.
Tout ce côté médical me fait peur. Elle m'a dit que j'avais marqué tout le service et qu'ils feront le nécessaire pour que tout se passe à merveille.
Maintenant:
Les spécialistes souhaitent m'arrêter après mon congé maternité, ni la psy, ni elle, ni le docteur C., ni la sage-femme pensent que ce soit bon que je reprenne le travail. Ils veulent que je tourne la page sur cette grossesse mais tranquillement sans me rajouter une pression supplémentaire. Je pense qu'ils ont peur que je me lance dans le travail ....
Maintenant, je poursuis ma reconstruction avec mes coups de colère, de déprime, de tristesse mais elle m'a dit que c'était normal et nécessaire.
Pour une future grossesse .... le temps nous le dira, quand nous serons prêts parce que Maël, il nous manque trop mais c'est aussi pour lui qu'on essaie de "survivre" . Je lui ai demandé si les femmes qui étaient passées par là, avaient du mal à retomber enceinte, elle nous a affirmé que la nature faisait très bien les choses (pas plus de 3 cycles) .
Une future grossesse ... je pense que mon problème, c'est que j'ai peur du regard des autres et de leur jugement. Que vont dire les gens si je retombe rapidement enceinte? Je m'étais dit que le côté "médical" nous empêcherait de recommencer rapidement, mais là, ce n'est plus le cas. Nous pouvons.
Et si je me pose autant de questions, n'est-ce pas le signe que je ne sois pas encore prête à me relancer dans l'aventure? N'est-ce pas une trahison envers Maël? Comment expliquer aux gens que c'est difficile de vivre avec ce vide? Peut-être que l'envie d'avoir un autre enfant est d'autant plus forte en ce moment car demain c'est le jour de la DPA?
J'aime mon fils plus que tout, mais c'est tellement difficile de voir la poussette, l'armoire, repenser au fait qu'on avait déjà des projets pour nous trois cet été, penser à Noël prochain ... Ce que fait des futurs parents j'imagine .... ou bien avons-nous trop anticiper sa venue?
Vendredi, je revois ma psychologue. C'est étonnant, je me l'ai appropriée "ma psy". Il faut le voir comme un signe de confiance. Continuer le travail sur mon hospitalisation, essayer de d'affronter mes peurs et démons.