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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 09:13

Encore une journée de passée sans Maël. Je n'arrête pas de penser à lui, essayant d'imaginer cette vie à trois. Tous les soirs, je craque. Tous les soirs, nous craquons.

Vendredi, j'ai dit à la psychologue que je ne voyais pas comment je pourrais être heureuse à nouveau. Elle m'a répondu qu'il y a un "avant" et "après" grossesse". Avant cette grossesse, j'étais heureuse d'une certaine manière. Après cette grossesse, il y avait deux possibilités: découvrir de nouvelles joies si Maël aurait été présent avec nous et maintenant. Construire cette vie à trois mais sans Maël. 
Elle a ajouté aussi que c'est parfois après de grands malheurs que notre vie peut prendre un autre tournant. Qu'il y a des choses qui me paraissaient très importantes vont être aujourd'hui futile à mes yeux et que c'était peut-être l'occasion de me lancer dans des projets qui me semblaient irréalisables. A méditer ...

Ce week-end, j'ai appris par ma maman (mes parents étaient là une longue partie de mon hospitalisation) qu'une infirmière à refuser de s'occuper de Maël et de moi. Elle ne voulait ou ne pouvait pas? Depuis que je le sais, j'en veux énormément à cette personne. Je croyais que nous devions tous avoir droit au même traitement, que le personnel médical ne pouvait choisir ses "patients". Que d'y penser j'ai les larmes qui montent. Juste le fait de penser qu'elle a refusé de s'occuper de notre fils. Pourquoi car il n'était pas "comme les autres"? Elle ne travaille que pour s'occuper des bébés "parfaits"?
C'est encore la preuve qu'il s'agit d'un sujet tabou, même au sein de la maternité de l'hôpital.
Vendredi, j'ai découvert que mes séances avec la psychologue ne sont pas rembousées par la Sécurité Sociale. La séance coûte 17 €. Moi, j'ai la chance de pouvoir me les "offrir", mais j'ai pensé aux 0,6% restant, ont-ils tous cette possibilité? Comment peut-on laisser des personnes sans aide après un événement pareil?

Je suis tellement en colère, après moi-même. J'ai l'impression que je n'ai pas protégé mon fils, que j'en ai pas pris assez soin. J'ai peut-être été trop négligente. Même maintenant, je m'en veux de ne pas accepter les femmes enceintes. J'ai l'impression qu'autour de moi qu'il n'y a que ça: des femmes qui annoncent leur grossesse, des femmes enceintes ou de nouvelles mamans. 
J'en veux au corps médical. Je n'ai même pas envie d'aller voir ma gynécologue vendredi. Je ne sais même pas comment je vais réagir. Je lui en veux. Comment se fait-il qu'elle n'a rien remarqué 48 heures auparavant? Le pire, c'est que j'étais là à ma visite du fin du 8e mois et je sais qu'elle a fait son travail correctement. Mais je lui en veux. Et puis, que va-t-elle nous dire vendredi? Qu'elle est désolée? Oui, mais moi ça me suffit pas. Elle va parler des examens à faire sur nous. Je sais qu'il faut les faire, mais il va falloir gérer "ça" en plus. Attendre les résultats. Et si il y a un énorme problème, dans combien de temps pourrront nous revivre cette aventure? Et si les médecins ne trouvent pas de causes réelles. C'est le cas dans environ 10% des cas. Je connais déjà le petit discours qui nous attend: "c'est très rare que cela se produise deux fois de suite". OUI, je SAIS, je connais les statistiques: 0,6% pour une grossesse, à mon stade moins de de 0,2% puis pour une seconde grossesse 1 chance sur 1 000 000 pour que cela se reproduise. Alors, si on prend la population française, uniquement les femmes en âge de procréer, cela signifie qu'il y a environ 7 femmes qui connaissent cette situation. Alors pourquoi pas moi? Je sais ce ne sont que des statistiques.

J'ai tellement de choses dans ma tête que j'ai l'impression qu'elle va exploser. Si au moins, tout ce que j'écris j'arriverais à le dire à voix haute. Il y a tant de colère en moi, tant de tristesse. En ce moment, je n'arrive même pas imaginer ma vie future. Je vis au jour le jour. Avant, j'arrivais à me projeter dans le futur. Là, je suis vide tout: de sentiment, de sensation. 
C'est ce vide qui me détruit, qui me consumme jour après jour. LE VIDE.

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commentaires

M
Je serais toujours là pour te retenir, pour que tu ne tombe pas dans le vide...<br /> Courage pour ton rdv vendredi, je serais avec toi par la pensée.
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D
Ne lâche pas l'élastique qui te fait faire le saut dans le vide. La descente est vertigineuse, la remontée aussi mais entre les deux il y a des tas de tous petits riens qui valent la peine d'être entr'aperçus.<br /> Courage jolie Maman, Maël t'observe et il dit aux autres petits anges: "vous voyez, c'est elle ma Maman."
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  • : Mamange de Maël, comment essayer de faire son deuil,reconstruire sa vie et faire face aux restes.
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