Hier soit, à 19H00, nous avons eu les résultats de l'autopsie. Maël était un bébé parfait. A priori, nous avons développé tous les deux une incompatibilité sanguine et je créais des anti-corps contre moi. Je m'en veux. C'est mon corps qui est responsable de cette situation. Par ma faute, Maël n'a pas pu vivre. Je ne me le pardonnerai jamais.
Nous rencontrons ma gynécologue le vendredi 22 février. Elle veut me voir. Pour me dire quoi? M'affirmer que ce n'est pas de ma faute ... je ne les crois plus. Et puis, il va falloir faire des examens supplémentaires. Je ne sais pas si je vais pouvoir "gérer" ça en plus.
Voilà trois semaines et un jour que Maël nous a quitté. On me demande d'aller mieux, on me demande de penser à l'avenir, on me demande de faire mon deuil, on me demande de faire des examens supplémentaires.
Moi, tout ce que je souhaite c'est qu'on me laisse du temps. Je ne souhaite pas reprendre le travail pour la fin de l'année scolaire. Je ne pourrai pas affronter mes élèves, mes collègues de RPI. Ces derniers ne comprennent même pas pourquoi je ne reviens pas après les vacances de février et pourquoi j'ai droit au congé maternité. Mais oui, c'est ça, vous voulez que je trace un trait sur mon fils. Que je revienne, que je fasse comme si ce n'était qu'un point sur une droite. Et ma collègue de RPI, qui rajoute, en plus, cette année, il va falloir que tu gère la kermesse, car nous nous avons eu des enfants cette année ... Aller et je t'enfonce encore un peu plus...
Je ne pourrai pas affonter ma classe, être seule dans mon école, avoir la responsabilité des élèves, de l'école et me retrouver seule avec eux.
Je veux du temps, qu'on me laisse et repartir sur de nouvelles bases en septembre, espérer avoir une nouvelle école au mouvement. Une école où je ne serai pas seule, où j'aurai des collègues, où je verrai des adultes dans la journée.
Je me sens coupable de la situation. C'est de ma faute si Maël nous a quitté ... On avait déjà imaginé cette vie à trois ...
Aujourd'hui, nous sommes le 9 février. C'est un mois anniversaire pour mon mari et moi. Nous nous sommes rencontrés un 9 ... on se le souhaite tous les mois.
Faire semblant, paraître, essayer de faire comme avant. Je ne peux pas, je ne peux plus. Je suis coupable.
Et puis, dans ce gouffre, ce matin, il y avait une toute petite porte de lumière. Un message reçu. Un message qui fait couler des larmes, mais un message qui réchauffe votre coeur:
Petit message pour notre puce :
J'ai vu avec la dame les différents textes à choisir pour le baptême et j'ai un désir pour la prière universelle. La dame a expliqué qu'on devait adresser nos pensées dans cette prière et moi, j'ai tout de suite pensé à toi et à Mael... Ton histoire a touché tout le monde mais ça m'a encore bouleversé plus car nos fils sont nés qu'à quelques jours d'écart. Je ne peux pas m'empêcher de penser à Mael quand je vois Simon....donc j'ai une demande à te faire qui me tient à coeur mais tu as le droit de refuser : je voudrais adresser mes pensées lors de la prière universelle à tous les paranges et je voudrais citer le prénom de Maël, je trouve normal de l'associer à Simon en fait...Mariew
Merci Mariew pour ce geste.