Vendredi.
Ce matin, j'ouvre les yeux et la réalité revient. Voilà trois semaines que Maël nous a quitté. Aujourd'hui, j'aurai du avoir ma dernière visite et planifier une date de déclenchement. Il était prévu que la rencontre ait lieu plus tôt ... Mais pas aussi tôt, pas dans ces conditions ...
Aujourd'hui, je broye du noir. Malgré tout, il faut continuer, paraître, faire semblant. J'ai envie de rester au fond de mon lit, sous ma couette. Mais, c'est impossible. Il faut que je sorte Linux, il faut que je fasse quelques courses...Surtout, il faut que j'occupe mon esprit.
Je ne supporte plus mon corps. Chaque fois que je me regarde dans un miroir, je ne vois que les marques de la grossesse. Encore trois kilos à perdre. Je veux les effacer. Je déteste mon corps, tout est de sa faute, tout est de ma faute. Je ne sens plus la souffrance de mon corps. Il peut souffrir, me faire mal, il ne me touche pas. Il ira au bout de ses limites.
Nous avons décidé de partir à Marrakech au mois de mars. Partir. S'éloigner quelques temps de cette chambre vide. Chambre qui n'est pas entièrement vide. Il reste l'amoire et la commode blanche. Blanc comme les anges. La poussette est recouverte d'un drap blanc. Je ne supportais plus de la voir. Et puis, tous les matins, on ouvre les volets. Il faut qu'elle vive cette salle. Chaque fois que je dois y entrer, je prends une inspiration, je vide mon esprit.
Je ne veux pas que cette salle, cette chambre représente la mort. Je ne veux pas avoir peur de cette pièce.
Il est long le mois de février. Mon mari m'a demandé ce que je voulais pour la Saint-Valentin. Sans même que je ne prononce un son, il m'a répondu "tu sais que ce n'est pas possible". Maël, c'était notre cadeau de la Saint-Valentin, même s'il arrivait quelques jours avant ou quelques jours après.
J'ai mis une semaine à pouvoir lui dire ce que je souhaitais. A chaque fois, c'était la même réponse. Et puis, hier soir, tard dans la nuit, il m'a dit "à part ce que nous souhaitions tous les deux le plus au monde, qu'est-ce qui te ferais plaisir?". Alors, je lui ai dit: je veux une bague avec une aigue marine, en or blanc et à l'intérieur, le prénom de Maël gravé. Comme ça Maël sera toujours avec moi.